L’incroyable énergie du « NON »!

C’est le point commun entre Meghan Markle & le Prince Harry, les syndicats et cette femme qui a donné naissance à un enfant après un cancer. Ils disent tous « NON ». Les uns le font à grand renfort de communiqué de presse, d’autres en scandant leurs revendications dans la rue et la dernière dans l’anonymat, en silence. Outre le fait que cela demande d’être fidèle et juste envers soi-même, chose dont j’ai déjà longuement débattu ici, tous ces gens ont trouvé leurs façons de refuser ce qui ne leur convient pas, ou plus.

Et ce mot, on dirait qu’il flotte dans l’air en ce moment. C’est comme si la planète entière était en train de se réveiller d’un long sommeil, presque une hibernation de plusieurs siècles. Alors j’ai eu envie d’évoquer notre capacité à donner une réponse négative et aussi toutes les manières dont nous pouvons l’exprimer. Et si notre salut résidait dans le fait de refuser ce qui nous gêne? Et s’il était possible de le dire tout en douceur quel que soit le contexte? Et si nous nous donnions le droit de dire ce que nous voulons à la place de ce que nous ne voulons plus?

Le « NON » comme réponse aux questions mal posées

Une fois n’est pas coutume, je suis allée voir la définition dans le dictionnaire et je crois que tout y est :

  • non adv : Indique une réponse négative.
  • non n.m. inv.: Expression du refus, du désaccord.
  • non-.: Préfixe exprimant l’absence, la négation, le contraire, le refus.

En résumé, le mot seul pourrait presque être considéré comme stérile. Ce serait comme une des réponses aux questions « fermées ». Celles qui laissent un choix très restreint et peu nuancé, celles qui nous font voir la vie en noir ou blanc. Je ne sais pas s’il existe dans êtres capables de se reconnaître dans le « tout noir » ou le « tout blanc ». Personnellement, je suis toujours très embêtée quand je croise une question de ce genre. J’ai l’impression de devoir faire une croix sur une partie de moi-même pour pouvoir rentrer dans une case. Ça en serait presque douloureux! Néanmoins, ce sont des usages utiles lorsqu’il faut trancher, et passer à l’action.

En revanche, dès que ce refus est accompagné, il ouvre des portes, brouille les pistes et amène de la nuance dans la phrase. Exemple : « Tu viens? Non, je suis malade » ouvre la porte à « Ah bon, qu’est-ce qui t’arrive? ou « comment puis-je t’aider » et ainsi de suite…Cette conversation peut éventuellement mener à un compromis, une entraide, qui sait?! Un désaccord, un refus accompagné d’une justification ouvre la porte à l’échange, au partage. C’est aussi l’opportunité de dire ce à quoi on dit « OUI » à la place!

Autre exemple : une « Organisation Non Gouvernementale », c’est-à-dire une entité qui ne répond pas aux mêmes règles que les gouvernements…De nos jours, elles sont très actives. Ce ne sont pas moins de 60 ONG qui sont à l’origine du Pacte pour la Transition. Cet exemple nous montre comment ces organismes se sont donné l’autonomie de refuser l’immobilisme des pouvoirs publics pour dire « OUI » à l’innovation climatique, sociale, économique, démocratique etc…

Refuser ce qui nous gêne c’est ouvrir la porte au changement durable

Lors d’un refus, nous sommes tenus de justifier, à la manière des sondages où l’on trouve régulièrement « Si non, pourquoi? » Les marketeurs le savent bien. C’est dans le refus et l’objection que ce trouve le potentiel d’innovation et de business. C’est en analysant les raisons du refus qu’ils trouvent de nouveaux axes de développement et de communication.

C’est aussi là-dedans que se trouvent la promesses de changements bénéfiques et durables! Dernièrement, c’est suite à la tendance du « zéro déchet », et la part croissante de gens qui s’en saisissent, que les collectivités locales s’impliquent. En Gironde, c’est le projet « Zéro déchet de Bordeaux Métropole » et d’autres encore qui ont vu le jour. Preuve que refuser ce qui n’a aucun sens, en privilégiant ce qui en a d’avantage, mène à des actions, presque inespérées il y a 18 mois de cela. D’ailleurs, ce projet s’appuie principalement sur des associations, coopératives, tiers-lieux, etc…pour sa mise en oeuvre. Bref, des structures plus proches des citoyens.

Et si l’Etat laisse des ONG plancher sur le pacte pour la transition à sa place et que les collectivités locales encouragent l’implications directe d’acteurs de l’économie sociale et solidaire privés pour adresser nos pré-occupations, pourquoi, nous, citoyens, ne passerions pas à l’action pour faire notre part? Pourquoi ne pas accompagner notre refus de ce qui est par des propositions alternatives dont nous serions également les acteurs principaux? Personne ne pourra agir plus directement sur notre quotidien que nous-mêmes!

Ne rien dire, c’est choisir

Il est maintenant évident que le temps où les pouvoirs publics nous disaient quoi faire en tout et pour tout est révolu. Déléguer la déclinaison des plans d’actions aux organismes privés, est la manière que les pouvoirs publics ont choisi pour réagir à l’urgence. Mais ces organismes aussi volontaires soient-ils ne peuvent pas agir à notre place dans notre quotidien. A présent, nous n’avons pas d’autre choix que nous impliquer pro-activement dans notre mieux-vivre.

Je prends des exemples en relation avec le climat et la transition parce que ce sont des sujets qui m’intéressent, mais ces raisonnements peuvent s’appliquer pour tout le reste, travail, famille, sport etc…Alors quand transformerons-nous nos rêves en action? Quand dirons-nous « OUI » à ce que nous voulons, plutôt que de trouver des parades plus ou moins efficaces à ce qu’on ne veut pas/plus?

En matière d’élections, l’absentéisme et le vote blanc, dans le fond, sont des votes comme les autres. D’ailleurs, ils sont aussi comptabilisés, mais le système actuel n’en tient pas compte. Après plusieurs décennies de cette pratique, il est peut-être temps d’intégrer que cette expression de son désaccord ne change ni le système, ni le résultat des élections.

Cela revient au refus stérile dont je parlais plus haut. Dans l’état actuel des choses, voter de ces manières, c’est donner sa voix à ceux qui font l’effort de se déplacer. Ne pas choisir, c’est dire « OUI » aux propositions des autres. C’est, une fois encore, faire cadeau de son « libre-arbitre ».

Refuser efficacement et en douceur

Quand nous refusons, sans autre forme de procès, nous fermons la porte à l’échange, au partage et nous ouvrons la porte à la colère et la frustration. Quand les syndicats exhortent les cheminots de la SNCF a se mobiliser contre la réforme des retraites, on s’attend à ce qu’ils proposent autre chose de constructif à la place. Quand Megan Markle & le Prince Harry « débarquent » de la famille royale d’Angleterre, ils refusent l’excès de protocole et l’abus d’intrusion dans la vie privée en expliquant ce qu’ils souhaitent vivre à la place. Quand cette femme décide de devenir mère après son cancer, elle refuse le pessimisme des médecins pour dire « OUI » à la Vie.

La quantité d’énergie dont nous disposons est limitée. Cette femme, qui dit « OUI » à la Vie dans tous les sens du terme, n’utilise pas son énergie pour justifier son choix d’ignorer ce qui ne lui convient pas. Elle l’utilise pour rendre son désir réel. Elle nourrit la croyance que cela va fonctionner à la place de celle qui renonce. Et çà marche! Elle vient de mettre un enfant au Monde. Et si la meilleure façon de refuser quelque chose était de dire « OUI » à la chose que l’on veut vraiment? Et si on cessait de réagir aux propositions pour devenir pro-actifs dans la réalisation de nos propres désirs?

Un homme en colère est un homme qui n’a pas su dire non et éprouve, en plus, le remords de ne pas l’avoir fait.

Tahar Ben Jelloun

Nous sommes encore en démocratie. Il n’est pas encore hors la loi de vaquer à ses occupations, tant que celles-ci se font dans le respect des lois et des libertés de chacun. Pourquoi ne pas simplement vaquer à ce qui nous fait du bien, plutôt que passer notre temps à nous défendre face à ce qui nous fait du mal? Pourquoi ne pas dédier la quantité d’énergie disponible à dire « OUI » à nos rêves, plutôt que gérer uniquement nos contraintes, a fortiori quand elles sont dénuées de sens? Et si nous passions aux questions « ouvertes » du style « Comment puis-je faire en sorte d’être heureux(se) aujourd’hui? ».

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