Le déni de la peur

Tous les jours nous recevons dans nos vies une quantité colossale de mauvaises nouvelles, toutes plus anxiogènes les unes que les autres. Quand ce ne sont pas les nouvelles qui nous angoissent, ce sont les conversations autour d’elles qui prennent le relais!

A l’heure où j’écris ces lignes, Greta Thunberg vient de faire un discours poignant à l’ONU et la planète se divise en deux : ceux qui soutiennent son discours et son courage, et puis ceux qui prennent le prétexte de son jeune âge pour dénigrer le bien fondé de sa démarche et la véracité de ces sources.

Force est de constater qu’aujourd’hui, trouver des nouvelles optimistes et constructives relève du parcours du combattant. Les salles d’attentes des médecins montrent bien que ne savons plus vers où nous tourner pour trouver un peu de répit dans ce flot ininterrompu de marasme. Trouver un lieu, un moment, ne serait-ce qu’une légère brise qui ne souffle pas un flot d’émotions mal embouchées ou un de ces parfums de désespoir, relève de l’exploit.

La peur comme moteur de notre économie

Pour le coup, personne n’a jamais dit qu’il ne faut pas avoir peur. Notre économie est maintenant entièrement basée sur la peur : peur de vieillir, peur de mourir, peur d’être malade etc…La peur est autorisée tant qu’elle génère du business. Mais face à l’extinction de masse des espèces, au dérèglement climatique, à la raréfication du pétrole et les conséquences massives que cela aura sur notre mode vie, nombreux sont ceux qui lui préfèrent le déni.

Pourtant il me semble plus que légitime de se demander comment nous allons subvenir à nos besoins de base lorsque les transports ne fonctionneront plus faute de carburants, que nous ne pourrons plus nous chauffer, ou lorsqu’il n’y aura plus d’espace non bétonné sur cette Terre pour respirer!

Comment éviter d’avoir peur?

Je le dis tout net : cela ne me semble pas possible. Mais il y a, comme à l’habitude dans notre société, une multitude de solutions « miracles » : l’alcool, la drogue, les jeux vidéos (quitte à vivre dans une réalité pourrie autant aller se réfugier dans une réalité fictive où il est possible de contrôler ce que l’on vit), les médicaments etc…Mais aucune ne soigne la cause du mal qui nous ronge. Nous sommes comme les trois singes, une fois que nous ne voyons, n’entendons et ne parlons plus, le problème n’a pas disparu…mais au moins nous sommes un peu moins indisposés!

Et pour cause…La peur à la base est nécessaire à la survie. De nombreux processus physiologiques l’accompagnent. Ceux-là même qui ont permis à nos ancêtres lointains de ne pas mourir des les griffes des animaux qu’ils chassaient! Notre premier réflexe face à la peur est la fuite et c’est bien normal. Nous cherchons à nous extraire de la situation qui nous angoisse. Mais qu’en est-il lorsque les sources de peur sont partout, permanentes et en un lieu (la Terre) que nous ne pouvons pas quitter facilement ?

L’arbre qui cache la forêt

A bien y regarder, le véritable problème n’est pas d’avoir peur ou de manquer de solutions pour y remédier. Le vrai sujet est que tant que nous sommes dans le déni de notre peur, nous la nourrissons, nous l’entretenons, nous lui donnons carte blanche pour contrôler toute notre vie. Pire, à l’instar de certains animaux, la peur peut nous paralyser!

Je ne suis pas en train de dire qu’il ne faut pas avoir peur. Si tu as lu mes précédents articles, tu sais que je ne suis pas fan de cette solution car cela revient à mener 2 batailles : celle contre ta nature profonde d’homme ou de femme (perdue d’avance) et celle contre la peur que tu ressens. Je ne connais personne qui est sorti(e) victorieux(se) de ce combat. Je suis simplement en train de dire que si la peur ne peut être évitée, alors autant l’accepter et la gérer, non?

Comme pour tout dans la vie, c’est à partir du moment où j’accepte l’idée que je suis face à un problème que je me mets en conditions d’y trouver des solutions. Et parfois même, je trouve des solutions tout à fait acceptables alors que je suis à la base certain(e) que c’est sans espoir! Après tout, je suis un être humain, pas une machine. Pourquoi devrais-je avoir honte d’être qui je suis profondément?

Une peur légitime mais pas assumée

Pour reprendre l’exemple de Greta Thunberg, la différence entre ceux qui la soutiennent et ceux qui la dénigrent n’est pas l’absence de peur des uns face à la grande peur des autres. Il me semble que la différence réside dans la capacité des uns à avoir accepté leurs peurs et à tenter de faire quelque chose pour y remédier, tandis que les autres sont encore dans le déni de leur peur. Il en résultent qu’ils dénigrent le sujet de fond et cherchent des boucs émissaires sur la forme pour détourner leur attention de leur vraie problématique personnelle.

Peut-être aussi qu’au fond ils ne savent pas comment s’atteler au chantier, tant la tâche est immense…Surtout s’ils se sentent seuls et désemparés devant ces changements de mode de vie, considérés comme des « sacrifices » probablement nécessaires mais également perçus comme insurmontables.

Tu l’auras compris, la résilience s’applique à toute la panoplie des émotions humaines. Et la solution est la même pour toutes : accepter avec le cœur qui nous sommes. C’est un des rares sujets sur lequel nous avons pleins pouvoirs et responsabilités…autant nous en servir!

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