Faire du tri dans les habitudes!
Vingt et un jour. C’est le temps qu’il nous faut pour prendre une habitude, quelle qu’elle soit. Dans le cadre de mes pérégrinations , j’ai lu des choses très intéressantes dans le livre du Professeur Autret, sur les mécanismes de la douleur chronique. Il semble que le stress et l’anxiété développent les engrenages qui font que nous avons toujours mal quelque part, que nous développons toutes sortes allergies…etc…Et du stress, nous en avons, à foison…De l’anxiété, nous en avons aussi. Plein. J’en suis venue à me questionner sur nos habitudes. Nous pouvons devenir très « féroces » lorsque quelqu’un s’aventure à y toucher. C’est comme si un vent d’insécurité déboulait soudainement sur nous! Genre… « attends, j’ai toujours fait comme çà et je m’en porte pas plus mal »…Alors pourquoi changer une équipe qui gagne, hein?!
Aujourd’hui, je souhaite plutôt parler de notre « hygiène psychologique ». Ces « autoroutes de l’introspection » toutes tracées, mais, au final, pas toujours très joyeuses, que nous empruntons quotidiennement. Elles peuvent venir de notre expérience de vie passée, ou des croyances de la société, ou encore de tierces personnes que nous respectons. Mais sont-elles réellement aussi sécurisantes et bienveillantes qu’il y parait? Et si parfois, nous prenions des raccourcis malheureux? Et si notre planche de salut, notre « meilleure résilience » résidait dans notre capacité à modifier nos habitudes, lorsqu’elles nous font du mal, et à réapprendre le plaisir?
Reconnaître quand l’habitude fait du mal…
Il me semble intéressant de s’interroger sur le véritable bienfait de ce que nous faisons machinalement. Exemple : se plaindre. C’est le truc qui remplit les conversations autour de la machine à café le matin. C’est le chef par ci, le patron par là, ou alors le gouvernement, les maladies, les douleurs à la tête, au dos…etc…Bref, çà n’arrête pas. Heureusement, parfois nous rigolons aussi! Mais globalement, nous nous encourageons dans nos complaintes, dans notre talent à voir le verre à moitié vide, en permanence. En d’autres termes, lorsque nous râlons « gentiment » nous entretenons notre propre stress, qui , via la capacité d’adaptation de notre cerveau, continue d’entretenir nos douleurs, nos malheurs… et ainsi de suite!
C’est comme continuer à boiter après une fracture ou une entorse. La boiterie a été induite par le traumatisme. Mais une fois soigné, le corps peut et doit réapprendre à fonctionner comme avant. C’est ce qui arrive dans beaucoup de cas. Mais parfois le fait de boiter amène ce qu’on appelle des « bénéfices cachés », qui font qu’inconsciemment il est plus intéressant de rester invalide que de se rétablir complètement. Si cela dure plus de 21 jours, nous voilà avec une nouvelle habitude, et, petit-à-petit, avec la croyance que notre cheville ne peut pas guérir facilement, puis celle que les médecins ne savent pas soulager ce genre de séquelles et pourquoi pas la croyance qu’on a « chopé » une maladie orpheline incurable!
Voilà les histoires qui aboutissent à la machine à café le matin. Plus nous en parlons et plus nous renforçons la croyance associée, avec l’aide « bienveillante » de nos collègues qui y voient l’opportunité de parler de leurs propres douleurs…Et ainsi de suite. Du coup, quand, par malheur, y’en a un qui dit, « bon les gars, on va pas passer la journée à pleurnicher », il fait office de bourreau sans cœur! Çà te parle?
Des habitudes en partie responsables des malheurs du Monde ?
C’est en tout cas la théorie d’Anne Givaudan sur les « Formes-pensées ». Le principe est simple. Chaque pensée ou parole « pessimiste », « stressante », « incommodante » etc… non seulement nous atteint dans notre vitalité mais vient également remplir une sorte de réservoir planétaire, encore appelé « forme-pensée », du même type. Au final, c’est dans ce réservoir que notre société, notre Monde, va inconsciemment piocher les justifications aux guerres, par exemple. C’est aussi par ce mécanisme que les propos les plus extrêmes de certains dirigeants trouvent écho en nous, avec le temps.
Au-delà de nous « pourrir la vie » au quotidien, nos pensées parasites et nos croyances limitantes contribuent à nous maintenir, ainsi que ce Monde, dans un marasme sans fin. C’est aussi la situation de notre société qui encourage la mauvaise humeur ou les pensées pessimistes parfois. Voilà, le cercle vicieux est en place. Le hamster est sur sa roue et commence à galoper pour trouver une issue qui n’existe pas dans ce contexte.
Evidemment, il y a aussi des égrégores de joie, de tendresse, d’amour, d’espoir, de bienveillance, etc…Ceux-là mêmes qui permettent aux gens de « sauver » les Koala en Australie quand çà brûle. Ceux-là mêmes qui permettent aux sauveteurs de lutter des jours, après une catastrophe, pour dégager un être encore vivant des décombres. Et, ces égrégores, nous pouvons les remplir tout autant que les autres, encore faut-il s’en donner la peine. C’est précisément là que la modification de nos habitudes inappropriées rentre en ligne de compte. Nous râlons tous les jours sur l’état du Monde et l’incapacité de nos dirigeants à faire ce qu’il faut pour le changer. Mais n’oublions pas que c’est notre rôle et notre devoir à tous d’y contribuer!
Des raccourcis parfois malheureux…
Notre société amène également son lot de croyances anxiogènes. Elles occupent maintenant la majorité du journal de 20h. Ainsi, nous avons acquis puis entretenus, comme des grands, la certitude que tout ce qui n’est pas nous, notre cocon ou notre périmètre est forcément suspicieux et/ou mauvais. C’est de cette manière que la croyance que l’autre est dangereux est arrivée…Et par la même toutes les sortes d’isolements et de solitudes. Le Professeur Autret lui-même le dit dans son bouquin : « Etre heureux ne fait pas vendre! ».
Pourtant l’industrie du développement personnel ne s’est jamais aussi bien portée! Nous n’avons jamais été aussi accrocs à toutes les techniques qui permettent de se relaxer, de se détacher de son mental, de ce petit vélo qui tourne sans arrêt. Et c’est très bien! Cela prouve qu’au fond notre nature heureuse et joyeuse ne s’avoue pas encore vaincue. C’est la preuve qu’il reste de l’espoir caché là au fond de nous.
Mais méditer, même 3 fois par semaine, ne suffit pas pour inverser durablement la tendance. A moins que la planète entière s’y mette. C’est comme si nous cherchions à passer la serpillière dans un hall de gare en pleine heure de pointe! Pour un nettoyage efficace, mieux vaut d’abord fermer les vannes des pensées parasites et « tristounettes » qui nous envahissent quotidiennement. Pour gagner en qualité d’être, la première chose à faire et de stopper le générateur de pessimisme, de peur et de mauvaise humeur. En d’autres terme, l’enjeu réside dans la capacité de chacun(e) à modifier ces habitudes-là.
Changer la donne!
La bonne nouvelle c’est que, s’il nous faut 21 jours pour ancrer une mauvaise habitude, il en faut autant pour nous en débarrasser. En revanche, avant de modifier une habitude, il faut d’abord le décider. C’est là que le bas blesse parfois. Car si une habitude est entrée dans notre vie, c’est sans doute en réaction à une nécessité tout à fait justifiée. Et, malheureusement, plus la cause est ancienne et plus elle est ancrée profondément. Mettre la main sur la cause profonde de nos habitudes limitantes peut être long si on y travaille seul(e). D’après le Professeur Autret, c’est l’alliance du médecin généraliste avec d’autres praticiens complémentaires qui obtient les meilleurs résultats!
Je suis complètement en phase avec ce témoignage.
Pour changer une habitude devenue néfaste en source d’énergie et de joie, il faut le décider tous les jours, pendant au moins 21 jours. C’est le temps qu’il faut pour nourrir d’autres égrégores de pensées résilientes, constructives, optimistes, joyeuses etc…Et çà marche! Je peux en témoigner. L’idée n’est pas de devenir le/la « benêt(te) du village », bien sûr. Le principe est de se demander si râler, ou se plaindre est réellement la bonne stratégie dans telle ou telle situation. Une autre piste est de guetter toutes les occasions de rire, ou d’en rire! Car, comme nous disent les guides, pour sortir des impasses, il est souvent utile de simplement se prendre moins au sérieux.
Réapprendre le plaisir et redonner un sens à la vie!
A l’évidence, nous devons compter sur nous-mêmes pour garantir notre mieux-être. Je te suggérerais bien de diminuer, voire arrêter de t’infliger quotidiennement la tronche de Laurent Delahousse & consors, au journal de 20h… Ou de remplacer tes antalgiques par une bonne ballade défouloir dans les bois. Ou, pourquoi pas, de troquer ton verre de whisky quotidien par une bonne séance de danse et de chants à tue-tête dans ton salon…Je te dirais bien de rire ou d’en rire à chaque fois que l’occasion se présente.
Je te dirais bien tout cela…et plus encore! Mais ce serait contrevenir à ta liberté la plus essentielle de décider pour toi-même. Alors je n’en ferai rien… Ceci dit, je peux témoigner des bénéfices immédiats en vertu de ma propre expérience!
Trêve de plaisanterie. La meilleure méthode que j’ai trouvé pour changer mes habitudes c’est le jeu du « il faut »/ »j’ai envie ». Par exemple, ai-je réellement envie de me plaindre tous les matins à la machine à café? Ou est-ce que je crois qu’il le faut pour être solidaire avec mes collègues? Et cette douleur que je garde dans ma tête, dans mon dos etc… j’ai vraiment envie de la souffrir tous les jours? Ou il me semble qu’il faut qu’elle continue pour je puisse obtenir l’attention de mon entourage?
Je te laisse continuer avec ta propre liste!
En résumé, et si pour 21 jours seulement, nous nous autorisions à faire une chose par jour dont nous avons réellement envie à la place de ce qu' »il faut » faire? Et si nous apprenions à nous donner l’attention, la considération et la reconnaissance que nous méritons sans attendre qu’elle vienne des autres?