Faut-il toujours être au top?
En 2014 j’ai fait un burn-out. J’avais déjà eu des alertes avant bien sûr mais là je suis tombée très très bas…Du genre à me retrouver en position fœtale sur mon canapé, à pleurer toutes les larmes de mon corps, un soir en rentrant du bureau. Tu te demandes peut-être ce que j’avais pu vivre pour en arriver là. Tu sais quoi? Moi aussi. Aujourd’hui je me demande comment tout çà a pu me mettre dans un tel état. Et pourtant à l’époque, je croyais que je n’étais bonne à rien et que j’étais probablement stupide de ne pas m’en sortir alors que les autres – eux – ils semblaient y arriver. En fait, je pensais que je devais faire « toujours mieux ». Et puis j’ai abouti là…sur mon canapé. Mais au fait, pourquoi faut-il toujours faire mieux, être plus performant, être au top en toute chose?
La perfection, un concept mouvant…
A ton avis qui définit la perfection dans ce Monde?
Pour reprendre mon exemple, la société où je travaillais était tenue par des financiers, habitués aux salons feutrés et aux faux-semblants de ceux qui tiennent les cordons de la bourse. Le monde de la finance est le royaume du « Poker Face ». Il n’y a pas de place pour les émotions dans ce milieu. Un fait est un fait. Un sous est un sou. La rentabilité est le maître mot. Cela a un avantage: tu peux être assez confiant(e) sur le fait que ton salaire sera payé à la fin du mois. Ce n’est pas négligeable. Certes. D’un autre coté, pour ces gens, la perfection c’est être opérationnel au moins 10h par jour. C’est ne surtout pas se plaindre et encore moins montrer ses émotions!
Autant te dire que moi, mes antennes, mon intuition et ma sensibilité exacerbée, on était pas vraiment « cosy » dans l’histoire!…Surtout lorsque le chef de l’époque a cru bon de me signifier que mon plus gros problème était que mon visage trahissait trop mes pensées et surtout mes émotions! Pas assez machine à leur goût, un peu trop humaine et sensible de surcroît…Ça n’allait pas.
C’est le même chef qui, quelques années plus tard, a pris la direction du Lab d’Innovation et s’est mis à recruter des Millennials tous plus connectés et sensibles les uns que les autres. En gros, la perfection avait changé de camps. Etre à la marge et incapable de rentrer dans le moule était devenu un must! Pour Innover rien de tel qu’un être qui pensent en dehors des boites. Quelqu’un qui challenge le « status quo ». Un être qui diverge! Mais pas trop quand même parce que l’Innovation c’est bien mais tant que c’est rentable. Bref, cherchez l’erreur!
La perfection qui nous fait du mal…
En soi la situation n’était pas si complexe à gérer. Si j’avais activé ma résilience à ce moment-là, j’aurais gentiment dit à mon chef d’aller se faire voir. Peut-être que j’aurais changé d’équipe aussi, ou de boite. Au lieu de çà, je me suis infligée une quantité incroyable de doutes, assaisonnés de culpabilités et de frustrations!
A partir de là, le compte à rebours commence. D’abord, c’est le sommeil qui se détraque. Puis très rapidement, le corps épuisé commence à gérer ses priorités – lui. Il arrête de s’occuper de tout ce qui est superflu pour protéger les fonctions vitales de base. Bref, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, on devient un zombie qui met deux fois plus de temps pour faire une chose et qui pense encore qu’il/elle n’en fait pas assez!
Une fois la confiance perdue, c’est beaucoup de temps et d’amour de soi qu’il faut se donner pour la retrouver. A l’instar de notre corps, il faut ré-apprendre à gérer ses priorités. Il faut impérativement avoir de l’aide aussi. Personnellement, j’ai eu la chance d’avoir une médecin formidable qui a su détecter le malaise et stopper l’hémorragie de bon sens. Bref, seul le temps et de l’aide bienveillante permettent de remettre les choses en place.
Pour moi le salut est venu du bénévolat. Je me suis mise à servir des bières au bar dans un Festival de musique. La première bière servie et encaissée est devenue ma première victoire. J’ai su prendre ce verre, le donner au monsieur, prendre l’argent et rendre la monnaie. Et je me suis félicitée d’avoir au moins cette compétence! Tu vois un peu où j’en étais…Tout çà parce que je croyais que je valais moins que les autres et que je n’étais plus bonne à rien.
Vouloir la perfection et oublier le miroir
Regardons les faits avec un œil positif maintenant. Avec le recul et la résilience dont je sais faire preuve aujourd’hui, je me dis que cette situation n’était pas si terrible. Certains jours, je suis même plutôt contente d’avoir traversé cette épreuve parce qu’elle m’a menée jusqu’ici. C’est une magnifique leçon de vie que j’ai reçue. Et je suis sûre que mon guide a fait tout ce qui était possible pour m’éviter cela. Mais parfois on a besoin de déchirer le voile pour découvrir la beauté cachée derrière.
Tout ce que je vivais à ce moment-là me montrait qui j’étais vraiment. Une personne très sensible, très intuitive et empathique. Déjà à cette époque mes collègues venaient souvent me demander conseil ou de l’aide pour faire avancer les sujets. Avec une résilience activée j’aurais pu me rendre compte de cela. Mais comme je cherchais sans cesse à être parfaite, je ne voyais que la quantité de choses et de sacrifices que je devais faire pour m’en rapprocher.
Sans le savoir j’étais en train de remplir ma marmite, jusqu’à ce qu’elle explose…Jusqu’à ce que le voile se déchire. Jusqu’à ce que symboliquement je me vois nue et abattue dans le miroir. Celui qui avait toujours été là, mais que je ne voyais pas. Ensuite, il a fallu que j’accepte. Cette partie a pris plus de temps encore. Mais j’ai fini par y arriver.
Dépasser l’illusion
Les situations, les gens, les choses difficiles vécus au quotidien sont là pour une seule raison : nous montrer qui nous sommes dans ces contextes. Aller vers ce que nous croyons être la perfection n’est pas une mauvaise décision en soi. Il n’y a pas de bon ou de mauvais choix de vie. Il n’y a même pas de bonnes ou de mauvaises expériences. Les situations sont neutres. C’est la façon dont nous choisissons de les vivre qui fait la différence!
Comme Alice, il m’aura fallu aller au fond du terrier pour comprendre cela. Je partage cette expérience pour que tu puisses t’autoriser à regarder ce que tu vis sous un nouvel angle. Le but n’est pas de savoir qui a raison ou tort. Le but n’est pas non plus de choisir le meilleur chemin. Parce qu’il n’y en a pas. Il n’y a que des expériences. Et la manière dont tu choisis de les vivre.
Si je devais te donner un seul conseil, ce serait de regarder ce que ton cœur – tes envies – en pensent et d’agir en fonction. Tout le reste c’est du vent, un voile, une couche d’illusion supplémentaire à traverser. Du boulot en plus, en somme!
Le mieux est l’ennemi du bien
Dans ses écrits un sage Italien
Dit que le mieux est l’ennemi du bien[2] ;
Non qu’on ne puisse augmenter en prudence,
En bonté d’âme, en talents, en science ;
Cherchons le mieux sur ces chapitres-là ;
Partout ailleurs évitons la chimère.
Dans son état heureux qui peut se plaire,
Vivre à sa place, et garder ce qu’il a !
Voltaire a écrit ces mots dans le poème, « La Bégueule », au XVIII ème siècle. Il fait preuve d’une modernité époustouflante. Son épitaphe au Panthéon résume parfaitement toute la contribution qu’il a eu pour l’humanité. S’il vivait aujourd’hui il serait sûrement un dirigeant de Lab, un gourou de l’Innovation!
Sais-tu qui d’autre dit la même chose que Voltaire? L’Univers. Au cours de mes canalisations les guides répètent souvent sous différentes formes les mêmes messages tels que « sois toi-même », « prends soin de toi avant tout » et « fais de ton mieux ». Pour l’Univers, tout est déjà parfait. Il y a autant de perfections que d’êtres humains sur cette planète.
L’Univers ne cherche pas la perfection, puisqu’il l’a déjà. En revanche, il est en perpétuelle recherche d’équilibre et d’acceptation. Ou devrais-je dire, d’acceptation de ce qui est afin de maintenir l’équilibre de la vie. Nous sommes une forme – parmi tant d’autres – de vie qui appartient à cet Univers. A ce titre, il ne nous demande pas de faire « toujours mieux », mais « de notre mieux » pour accepter qui nous sommes et maintenir l’équilibre en nous, comme autour de nous.
C’est la meilleure contribution que chacun puisse amener à cette oeuvre immense et magnifique qu’est la Vie.